5 - Les tribus amazighes et les tribus arabes coordonnent efficacement entre elles pour faire face à l’agresseur

dimanche 1 mai 2011

En contrepartie, les tribus amazighes et les tribus arabes coordonnaient efficacement entre elles pour faire face à l’agresseur. L’opinion publique française commençait déjà à douter de la capacité de ses soldats à prendre Kenitra et sa région pour voler soi-disant au secours de Fès.

 « Les tribus rebelles des Beni Hassen et des Zemmour ont attaqué vendredi et samedi une colonne de secours française, entre Salé et El Kantara. La lutte, acharnée, se prolongea pendant les deux jours. Les tribus en question réussirent à capturer plusieurs centaines de bœufs, 175 chameaux et 56 mulets.
L’attaque recommença pendant la journée du dimanche. Un nouveau convoi français de 713 chameaux chargés de munitions et de vivres fut également capturé, ainsi que les deux chameaux qui portaient le trésor d’une partie de la colonne.
Les Français ont perdu 36 des leurs et ont eu, en outre, de nombreux blessés. Quant aux assaillants, ils n’ont éprouvé que des pertes insignifiantes. »
Le Petit Journal 1911-05-12  Numéro 17668 P4

 « Les Zaers, les Zemmours et les Beni-Hassen ont envoyé des émissaires aux Tadla pour les inviter à se joindre à eux pour la rébellion. » Les Tadla ont invoqué les moissons pour différer leur réponse. »
LE FIGARO    1911/05/20 (Numéro 140). P 1


Un convoi de Ravitaillement

 
L’occupation de la Kasbah de Kenitra amplifia la résistance des populations dans le Gharb et Zemmour.

 « Les tribus qui, au début, avaient été fortement impressionnées par la marche rapide de la colonne, déjà campée sur les bords du Sebou alors qu’ils là croyaient encore à Bou-Znika, n’ont pas tardé à attribuer notre inaction à des causes tout autres que celles qui l’avaient déterminée.
Leur sourde hostilité, faite surtout jusqu’alors de crainte, a fait palace maintenant à des démonstrations nettement agressives. Les indigènes ont eu le temps de se concentrer, de prendre toutes leurs dispositions et de s’enhardir jusqu’à essayer de couper nos communications entre El-Qounitra et Rabat, dans le but d’empêcher le ravitaillement de la colonne.
Les Marocains prirent la fuite [‼] dans la forêt, emmenant les soixante mulets de trait des vingt « arabas » chargées d’armes et de munitions.
Cela leur faisait 149 chameaux dans leur journée, auxquels ils ajoutèrent le lendemain, pour compléter le « tableau » 60 mulets. »

« Hier, à Rabat, un Marocain ayant avoué [!!] avoir pris part à l’attaque du convoi de chameaux fut pris comme espion, jugé et condamné à mort. Il fut amené aujourd’hui de Rabat, avec la colonne Simon, sur l’endroit même où était tombé le brigadier du train Pinson, et fusillé par un peloton composé de deux tirailleurs algériens et de deux soldats coloniaux. Le cadavre ayant été exposé au bord de la route toute la colonne défila devant lui. »

Exécution d'un résistant

« Le camp d’El-Qounitra vient d’être attaqué en plein jour et sur toutes les faces à la fois ; les troupes ont eu, de midi à six heures du soir, à repousser une attaque venant de l’ouest, s’est-à-dire du côté de Rabat, et une seconde attaque venant du sud, du côté de la forêt. »
Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 3


Approvisionnement de Vivres et Munitions dans la Casbah d'El Kenitra

Journaux de 1911



LE GAULOIS  1911/05/08 (Numéro 12259). P 1

AU MAROC
LA SITUATION S’AGGRAVE
QU’ATTEND-ON POUR MARCHER ?
     Nous demandions, hier, en désespoir de cause, que l'on eût recours aux troupes du général Toutée pour délivrer Fez. Nous ne songions, en réclamant cette décision immédiate, qu’au salut des Européens assiégés dans la ville.

     Mais les dernières nouvelles du Maroc montrent qu'elle s'imposera d'ici peu pour d'autres motifs encore, car il va falloir non seulement débloquer et ravitailler Fez, mais encore entreprendre une véritable expédition pour se rendre maître du soulèvement.

     Telle est, en effet, la conséquence de notre lenteur au lieu du simple raid que nous comptions entreprendre jusqu'aux alentours de la ville assiégée et qui eût suffi, il y a huit jours encore, à disperser les rebelles et à délivrer les assiégés, nous allons nous trouver maintenant dans l'obligation de conquérir le pays, nous allons nous trouver en face d'un soulèvement général, dû à ce que nos hésitations ont enhardi les tribus et leur ont donné le temps de se concerter et de se préparer à la résistance. C'était fatal.
     Voici par exemple les Zemmours et les Beni-Hassen, dont on escomptait la neutralité, qui n'attendent même pas que la colonne Brulard soit engagée au cœur du pays pour l'attaquer. Ils ont déjà réussi à nous tuer un brigadier de chasseurs d'Afrique et à blesser un lieutenant et deux hommes.
 
     Ce serait, en vérité, risible, s'il ne s'agissait de notre pays et si ce n'était, dès lors, navrant, voire effrayant, surtout quand on songe à d'autres éventualités.
René d'Aral


Le Petit Parisien 8 Mai 1911-Numéro 12609 P 1

L’attaque des Zemmour nous a coûté deux morts
La colonne volante serait enfin prête
L’attaque d’un de nos convoie par les Zemmour, attaque qui s’est produite vendredi sur la piste de Salé à Mehadia dans une région à peu près plate, proche de la mer, et, qu’on croyait sûre ; atteste que les tribus ont repris courage. Etonnées par l’arrivée de nos troupes entre le Bou-Regreg et le Sebou, elles ont pu constater ensuite la lenteur de la concentration et les retards apportés à la mise en mouvement de la colonne volante vers l’intérieur. Ces retards s’expliqueraient – répétons le – par la difficulté de réunir des vivres. Il n’en est pas moins vrai que trois semaines et plus se sont déjà écoulées depuis le moment ou l’ont s’est résolu à secourir Fez.
     L’agression du vendredi montre d’une part, que les grandes confédérations n’ont pas renoncé à nous disputer le passage, de l’autre que nos convois auraient besoin d’être gardés plus fortement.

Rabat, 7 mai
(Par radiotélégramme, via Casablanca – Tanger.)

     « Il m’a été impossible de vous radiotélégraphier plus tôt les détails de l’agression qui s’est produite contre un de nos détachements sur la piste de Mehedia, tant le service des postes chérifiennes était encombre.
On était accoutumé à un tel calme sur cette piste qu’on ne s’est pas défié d’une incursion possible, et cinq cents chameaux chargés de provisions ont été engagés vendredi dans la direction de Mehedia et de Knitra.
   C’était un butin tentant pour les Ahmar et les fractions des Zemmour qui les avoisinent. Ils envoyèrent donc un djich de cavaliers qui enleva une centaine de chameaux et réussit à les pousser dans la direction de Mamora.
     Le lieutenant Vaillade, qui a été blessé, et les quelques sous-officiers et cavaliers du train qui escortaient le convoi se sont défendus très vaillamment. Un brigadier, vous le savez déjà a été tué et un cavalier est mort des suites de ses blessures.
     Dès que le camp de Bel Aroussi eut connaissance de ces faits, il envoya une reconnaissance à la poursuite des agresseurs ; une partie des chameaux a pu être ramenée.
     A la suite de cette attaque, des patrouilles vont désormais circuler constamment entre les camps de Bel Aroussi et Mehedia. Un troisième échelon se concentre actuellement dans ce camp. La deuxième colonne au complet est arrivée à Knitra, ce qui permet de supposer que la colonne Brulard et les goumiers (Un goum regroupe environ 200 goumiers) se mettront en branle dès demain.
     Toutefois en signale des rassemblements importants des Beni-Hassen, en armes, des la forêt de Mamora, au sud de Méchra Remla. Ils ont des relations suivies avec des chefs Zemmour.




LE GAULOIS   1911/05/09 (Numéro 12260). P 3

Une autre dépêche de Rabat, en date du 7 mai, dit :
« Hier matin, près de Salé, un second convoi sans escorte a été attaqué par des rôdeurs Beni-Hasan ; un sous-officier du train a été tué et deux soldats indigènes blessés.

Des bandes suspectes rôdent autour d'El-Knitra et sur la piste en bordure de la mer. Une harka chérifienne se concentre à Sale, d'où deux bataillons
(UN BATAILLON entre 5OO  et 1000 hommes) vont partir pour El-Knitra.

Un soldat français, blessé l’ors de la première attaque de convoi, est mort des suites de ses blessures.



Le Petit Parisien 1911-05-09  Numéro 12610 P1


Cavaliers des Méhallas  

  Les mehallas sont composées de mercenaires. Le jour où ceux-ci ne seront plus payés, ils écouteront les conseils de désertion qui leur sont donnés du dehors ; ils céderont à la pression des caïds insurgés, dont ils furent jadis les compagnons de tente. Non seulement la défense sera compromise, des vides se creusant dans l’effectif de la garnison, mais encore les soldats du maghzen, en se mutinant, provoqueront des désordres qui pourront avoir une grave répercussion.
Telle est la situation que révèlent les dernières dépêches ; elle est loin d’être rassurante.

Détachement assailli
3 Tués ; 4 Disparus
  Rabat, 8 mai.
On avait une telle impression de sécurité entre Rabat et Mehedia, qu’on circulait sur cette piste, soit isolément, soit avec une faible escorte ; mais depuis quelques jours, les pillards Ahmer et Zemmour infestent cette piste et ont déjà attaqué et dévalisé plusieurs voyageurs indigènes [‼].
Avant-hier, ils s’en prenaient à un convoi militaire de 400 chameaux, escorté par un petit détachement du train. Je vous ai indiqué les conséquences de cette attaque.
Hier, un autre convoi de voitures, dites arabas, était également assailli entre le camp de Bel Aroussi et Knitra. Le détachement du train qui l’accompagnait a été particulièrement éprouvé.
On me signale, en effet, un maréchal des logis français et deux cavaliers indigènes tués ; deux cavaliers français et deux cavaliers indigènes disparus. On suppose qu’ils auront été entrainés dans les broussailles de la Mamora et tués.
Une partie du convoi a été pillé par les agresseurs.
Le général Moinier s’est rendu au camp de Bel Aroussi et a prescrit de faire accompagner les convois par des détachements armés importants.


Le général MOINIER observe les positions des résistants



Le Matin 1911-05-09  Numéro 9933  P 3

Une dépêche de Rabat, envoyée dimanche, dit que des bandes suspectes rodent autour d’El-Qounitra ; un convoi a été attaqué près de Salé ; un sous-officier a été tué et deux soldats indigènes ont été blessés.
Le général Moinier devait se trouver hier à El-Qounitra. Les difficultés de la marche en avant sont considérables…les populations semblent hostiles.

Les difficultés du ravitaillement


Convoi de chameaux devant la Kasbah d'El Kenitra



Camp d’El-Qounitra, 3 mai, 10 heurs matin. – De l’envoyé spécial du « Matin » (par rekkas spécial à Rabat). – Le stationnement de la colonne Brulard se prolonge à El-Qounitra beaucoup plus que l’on aurait pu le supposer.
Bien que la date de sa mis en marche ne soit pas encore connue, il est certain qu’elle séjournera encore ici au moins jusqu’à demain.
Ce matin, le colonel Simon, avec toute son infanterie, escorta un convoi de ravitaillement de 800 chameaux.
Un nouveau convoi de 1200 autres chameaux est attendu.
Cela nous fait augurer un stationnement de deux jours encore à la casbah d’El-Qounitra.
Notre camp comprend maintenant 1000 hommes de plus ; il s’accroit, s’étendant sur un immense demi-cercle, autour de la vieille casbah qui, sert de magasins à l’administration.

Un sous-officier français tué.

Tanger, 8 mai. – Dépêche particulière du « Matin ». – Un radiotélégramme de Rabat, en date d’hier, qui est arrivé ce matin à Tanger, annonce une nouvelle attaque d’un de nos convois.
De nombreuses bandes de pillards sont signalées sur nos lignes de ravitaillement. Dans la journée d’hier, un convoi se dirigeant sur El-Qounitra a été attaqué par une de ces bandes.
Après une vive fusillade, les agresseurs ont été mis en fuite, mais au cours de cet engagement, un sous-officier français a été tué et deux soldats indigènes ont été grièvement blessés.
Les reconnaissances envoyées dans diverses directions signalent d’importants rassemblements de Beni-Ahsen.
Deux bataillons (UN BATAILLON entre 5OO  et 1000 hommes)  de renforts sont arrivés.

A suivre


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