7 – À Kenitra « Pendant trois jours, le canon n'a pas cessé de tonner »

vendredi 1 juillet 2011


« L’artillerie fut employée à ces opérations qui durèrent trois jours, du 7 au 9 » 

Pour donner une idée sur l’énormité des pertes humaines, il suffit de rappeler que, pour une seule bataille, le bombardement des Beni Hssen et des Zemmour près de Kenitra avait duré, en continue, trois jours et trois nuits. De même le bombardement de Casablanca.

 « Le capitaine Azan, envoyé comme « historiographe », constate, dans son rapport, qu'il y avait bien dans le douar quinze cents cadavres. Quinze cents cadavres marocains et pas un tué français Comment expliquer cela quand on sait combien les Marocains sont audacieux et braves? Ce ne fut pas une bataille : ce fut regorgement d'une population qui voulait vivre en paix »

Contre la guerre au Maroc-Jean Jaurès-P 50

Contentant-nous d’imaginer les nombres des victimes marocains, car, compte tenu de la censure, nul media n’en pipa mot.

 « La colonne s’avançait pour déblayer complètement le terrain et se mettre à l’abri des surprises.
L’artillerie fut employée à ces opérations qui durèrent trois jours, du 7 au 9 ; le pays paraît momentanément purgé, »

Le Petit Parisien 1911-05-11  Numéro 12612 P 3

 « Le général Moinier, signale du camp  d'El-Kounitrat que, la harka composée des Beni-Hassen et des Zemmours, partie de Mechra-Remla- pour la guerre sainte, a été dispersée par l'artillerie de la colonne Brulard. Cette opération a duré du 7 au, 9 courant. Pendant ces trois jours, le canon n'a pas cessé de tonner »

LE FIGARO   1911/05/11 (Numéro 131). P 2

L’intensité de la résistance et l’efficacité de ses actions avaient été telle que la machine militaire française tomba dans des contradictions au niveau des informations dont la publication avait été autorisée par la censure militaire quant aux batailles engagées autour de la Kasbah de Kenitra.


La Colonne au repos

 « Hier 5 mai un djich de Zemmour a attaqué un convoi auquel il a enlevé un certain nombre de chameaux chargés. Un brigadier a été tué et deux hommes blessés. »

Le Matin 1911-05-07  Numéro 9931  P 1

 « Une attaque soudaine a permis aux Zemmours de s’emparer de quelques chameaux »

L’Ouest Éclair – éd. de Rennes –, n° 4489, Lundi 8 mai 1911, p. 1 :

 « Vendredi, un groupe d'une centaine de Zemmours, qui attendait à la fin du jour le passage d'un convoi de chameaux sur la piste de Meheyda, l'a attaqué et s'est emparé de quelques bêtes »

LE FIGARO   1911/05/08 (Numéro 128). P 1

    «  L’agression du vendredi montre d’une part, que les grandes confédérations n’ont pas renoncé à nous disputer le passage, de l’autre que nos convois auraient besoin d’être gardés plus fortement.
On était accoutumé à un tel calme sur cette piste qu’on ne s’est pas défié d’une incursion possible, et cinq cents chameaux chargés de provisions ont été engagés vendredi dans la direction de Mehedia et de Knitra.
   C’était un butin tentant pour les Ahmar et les fractions des Zemmour qui les avoisinent. Ils envoyèrent donc un djich de cavaliers qui enleva une centaine de chameaux et réussit à les pousser dans la direction de Mamora.
     Toutefois en signale des rassemblements importants des Beni-Hassen, en armes, des la forêt de Mamora, au sud de Méchra Remla. Ils ont des relations suivies avec des chefs Zemmour. »

Le Petit Parisien 8 Mai 1911-Numéro 12609 P 1


Journaux de 1911


Le Petit Parisien 1911-05-11  Numéro 12612 P 3
La colonne Brulard
chasse les bandes hostiles
Rabat, 10 mai.
La colonne Brulard a exploré ce matin les environs de Knitra, où l’on signalait l’arrivée d’une harka formée à Mechra-Remla , à la suite de la proclamation de la guerre sainte[‼]au dernier marché de cette région.
De nombreux rassemblements, Zemmour, Beni Amar, Beni Hassen, furent en effet aperçus, mais l’ennemi se repliait à mesure que la colonne s’avançait pour déblayer complètement le terrain et se mettre à l’abri des surprises.
L’artillerie fut employée à ces opérations qui durèrent trois jours, du 7 au 9 ; le pays paraît momentanément purgé, mais les contingents se forment à nouveau à Mechra-Remla.


Le Petit Journal 1911-05-11  Numéro 17667

L’attaque des indigènes contre les troupes du général Moinier
Tanger, 10 Mai.
Rabat, 6Mai (retardée dans la transmission). – Le général Moinier, qui devait partir pour Dar Aroussi, est resté à Salé. L’attaque d’un convoi qui s’est produite près de ce point serait due à la tribu Ahmar et le caïd Bourzama en serait l’auteur.
Une seconde attaque eut lieu au même endroit contre vingt et un soldats algériens du train.
Ces soldats revenaient de Mehedya sur Rabat.




LA PRESSE   1911/05/11 (Numéro 6897). P 1

QUATORZE  SOLDATS  DISPARUS
    Tanger, 10 mai. - Rabat,  6 mai (retardée dans la  transmission) - Le général Moinier, qui devait partir pour Dar Aroussî, est resté à Sale. L'attaque d'un convoi qui s'est produite près de ce point serait due à la tribu Ahmar et le caïd Bourzama en serait l'auteur. ̃ Une seconde attaque eut lieu au même endroit contre 21 soldats algériens du train dont 14 auraient disparus. Ces soldats revenaient de Mehedya sur Rabat.


Campagne du Maroc 1907-1911 Entrée de l'Hôpital de Mehdiya


LE FIGARO   1911/05/11 (Numéro 131). P 2

Au Maroc
Autour de Fez
La colonne Brulard
Dans le Gharb
     L'Agence Havas a reçu, hier, une dépêche de Kounitra datée du 9; il n'y est pas question de l'engagement dont parlait, hier, le radiogramme publié par le Heraldo de Madrid, mais on y verra que les dispositions des indigènes sont loin d'être favorables :

Kounitra, 9 mai.

     Des bandes de cavaliers rôdent aux environs du camp du colonel Brulard. Celui-ci envoie quotidiennement des reconnaissances de cavalerie dans le but de dégager la route de Rabat et de prévenir les incursions des ennemis également vers le Sud-Est, où des rassemblements importants sont signalés près de Mechra-Remla, au sud de l'oued Rmel.: ce point semble être le centre de l'ennemi.

     Le service, de renseignements rapporte que la cavalerie à pourchassé, sans pertes, des  groupes de Zaers, de Zemmours, de Hassen et de Shouls; on signale même des contingents de Benî-M'tir et de Charaga parmi les Marocains, concentrés à Remla.

     Une dépêche antérieure datée de Rabat, le 6, signale d'autres escarmouches.
Rabat, 6 mai (retardée dans la transmission). Le général Moinier, qui devait partir pour Dar-Aroussi, est reste à Salé. L'attaque d'un convoi qui s'est produite près de ce point serait due à la tribu Ahmar et le caïd Bourzama en serait l'auteur.

      Une seconde attaque eut lieu au même endroit contre 21 soldats algériens du train dont 14 auraient disparu.
     Ces soldats revenaient de Mehedya sur Rabat;

      Une dépêche de Tanger dit que le général Moinier, signale du camp  d'El-Kounitrat que, la harka composée des Beni-Hassen et des Zemmours, partie de Mechra-Remla- pour la guerre sainte, a été dispersée par l'artillerie de la colonne Brulard. Cette opération a duré du 7 au, 9 courant. Pendant ces trois jours, le canon n'a pas cessé de tonner.

     Deux rekkas partis de Souk El Arba pour Kounitra ont du revenir à El Ksar. Il leur a été impossible de traverser le pays qui est infesté par les pillards.



Colonne de Fez 1911- Bivouac de la colonne légère



Le Petit Parisien 1911-05-12  Numéro 12613 P 1

La colonne Brulard et les goumiers du capitaine Simon qui l’accompagnent représentent un effectif de 5000 hommes. Derrière eux est constitué un second échelon de 3000 hommes, sous les ordres du colonel Gouraud et du lieutenant-colonel Simon. Cet échelon est stationné à Knitra, où il attend encore le général Dalbiez avec 1500 hommes. Il pourra se porter rapidement au secours des troupes d’avant-garde si le besoin s’en manifestait.
Au dernier moment, on m’informe que ce matin, dès la première heure, un millier de cavaliers Beni Hassen avaient déjà passé sur la rive droite du Sebou, se préparant à marcher sur Souk-el-Arba, où en outre du caïd Cherkaoui, se trouvent actuellement le capitaine Moreaux, le lieutenant Jeannerod, le lieutenant Le Boette, trois sous-officiers, notre agent consulaire, M.Boisset, le marquis de Segonzac.



Le Petit Journal 1911-05-12  Numéro 17668 P4

L’agence l’ « Information » a communiqué cette nuit, de source anglaise, une dépêche qui enregistre le bruit d’un échec assez sérieux qui aurait été subi par les convois français, sur la route suivie par la colonne volante :
Londres, 11 mai
On a reçu à Londres la dépêche suivante de Tanger, d’après laquelle la colonne de secours française aurait subi un échec :
« Les tribus rebelles des Beni Hassen et des Zemmour ont attaqué vendredi et samedi une colonne de secours française, entre Salé et El Kantara. La lutte, acharnée, se prolongea pendant les deux jours. Les tribus en question réussirent à capturer plusieurs centaines de bœufs, 175 chameaux et 56 mulets.
L’attaque recommença pendant la journée du dimanche. Un nouveau convoi français de 713 chameaux chargés de munitions et de vivres fut également capturé, ainsi que les deux chameaux qui portaient le trésor d’une partie de la colonne.
Les Français ont perdu 36 des leurs et ont eu, en outre, de nombreux blessés. Quant aux assaillants, ils n’ont éprouvé que des pertes insignifiantes.
On craint que ce succès ne fasse redoubler d’activité les tribus anti-françaises.


Le Matin 1911-05-12  Numéro 9936  P 1

Une dépêche d’El-Qounitra annonce que les émissaires qu’on a envoyés pour amener les peuplades de la région sur la route que doit suivre la colonne ont échoué dans leur mission : aucune délégation de ces tribus n’est venue au camp.
De renseignements qui nous sont parvenus d’autre part, il ressort que nos troupes seront surement attaquées par des forces importantes.
Ces renseignements sont la meilleure justification de la prudence déployée par le général Moinier.
Tous les renseignements qui nous parviennent concordent à démontrer que la région qui doit être traversée par la colonne pour atteindre Fez est entièrement hostile. La colonne ne pourra donc pas compter sur un accueil bienveillant des tribus, et elle sera obligée de marcher avec une extrême prudence.