10 - la colonne a atrocement assassiné et froidement spolié toute la région

mardi 11 octobre 2011

Mais il est vraiment étonnant de constater qu’un grand nombre d’étrangers qui s’étaient penchés sur l’occupation française du Maroc n’y avaient vu qu’une entreprise pacifique.


Prisonniers marocains travaillant dans la Kasbah de Mehdia

« Nous allions trouver une nzala hospitalière. Hélas ! En quel état nous apparut cette halte tant désirée! Des murs rasés jusqu'au sol, des amas de décombres, quelques pans de pisé chancelants. A terré, à des trous noirs on reconnaissait encore la place où avaient été des foyers. Un hibou, dons une ruine informe, hululait sinistrement à la nuit qui tombait.
C'était la première image que j'avais des effets du canon, de notre merveilleux canon de campagne. Dans ce crépuscule, c'était sinistre, ce désert, cet abandon, là où quelques familles de pasteurs avaient tant d'années vécu en paix. Mais la colonne était venue. Ils avaient résisté ou voulu le tenter, avec leurs misérables fusils. C'avait été en quelques instants la débâcle. Ils avaient fui. Ils étaient allés rebâtir plus loin, hors des grands chemins que suivent les conquérants. »
Au Maroc en 1912-Gustave-Babin- Derrière un fanion bleu- P235-236

« Et cela ne suffit pas. Voici que nos bons journaux, le Matin en tête de la meute, demandent que le Maroc nous paie une indemnité pour les ruines que nous avons faites à Casablanca, inutilement et sauvagement, pour les maisons que nous avons ravagées dans la plaine de la Chaouïa, pour les douars que nous avons brûlés, pour les femmes et les enfants que nous avons chrétiennement broyés sous nos obus. C'est cela qu'on médite »
Contre la guerre au Maroc-Jean Jaurès-P 58-59

Journaux de 1911

Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 3

Convois enlevés.
El-Qounitra, 7 mai. – Quelques instants après qu’ils eurent attaqué, la veille, un convoi de ravitaillement venant de Salé à El-Qounitra, et nous eurent tué un brigadier et un soldat du train, les Marocains attaquèrent encore et enlevèrent un convoi civil de neuf chameaux chargés de vivres et de conserves appartenant à un cantinier autorisé à suivre la colonne.
Cela leur faisait 149 chameaux dans leur journée, auxquels ils ajoutèrent le lendemain, pour compléter le « tableau » 60 mulets.
La colonne Simon.
El-Qounitra, 7 mai, 6heures soir. – Une partie de la colonne Simon, annoncée, vient d’arriver. Elle a été retardée en route par une attaque à six kilomètres environ avant son entrée en forêt. Vous devez avoir déjà par Rabat, des détails sur cet engagement. Les Marocains, au nombre de cinq cents cavaliers environ, furent aperçus par le service d’éclaireurs spahis. On mit aussitôt une section de 75 en batterie, et par quelques obus bien placés on réussit à mettre rapidement les assaillants en fuite, leur causant de nombreuses pertes. Un obus, particulièrement heureux tomba dès les premiers coups au milieu d’un groupe compact de cavaliers, les dispersant pour la plupart dans les airs. [!!!]
Au cours de cette attaque, nous avons eu un spahi blessé et un goumier tué. Le corps de ce dernier vient d’arriver au camp, percé de deux balles, à la poitrine et à la tête.


Exécution d’un résistant

Hier, à Rabat, un Marocain ayant avoué [‼] avoir pris part à l’attaque du convoi de chameaux fut pris comme espion, jugé et condamné à mort. Il fut amené aujourd’hui de Rabat, avec la colonne Simon, sur l’endroit même où était tombé le brigadier du train Pinson, et fusillé par un peloton composé de deux tirailleurs algériens et de deux soldats coloniaux. Le cadavre ayant été exposé au bord de la route toute la colonne défila devant lui.
Le camp attaqué.
El-Qounitra, 7 mai, six heures du soir. – Le camp d’El-Qounitra vient d’être attaqué en plein jour et sur toutes les faces à la fois ; les troupes ont eu, de midi à six heures du soir, à repousser une attaque venant de l’ouest, s’est-à-dire du côté de Rabat, et une seconde attaque venant du sud, du côté de la forêt.
Il n’en est pas moins vrai que nous devons nous considérer  maintenant en pleine région hostile, et que toutes les mesures doivent être prises en conséquence.
Elles le sont d’ailleurs. Si notre séjour se prolonge ici nous finirons par nous trouver dans la situation où était le général Drude à Casablanca, pendant les mois d’août et de septembre 1907 : toujours sur le qui-vive, à la merci des démonstrations de quelques groupes marocains qui suffisent à mettre tout le camp en action et à nous occasionner des pertes quotidiennes.



Le Petit Journal 1911-05-15  Numéro 17671 P 4

Un convoi de Rabat à Mehedya a été attaqué à la sortie de salé par des rodeurs. Deux tirailleurs et un soldat d’infanterie coloniale ont été blessés.

Le convoi attaqué
Tanger, 14 Mai.
On mande d’El-Knitra, 6 mai, à Tanger : Un convoi d’arabas a été attaqué hier, près de Mehedya ; il comptait 21 voitures ; les mulets furent capturés par l’ennemi ; six cavaliers du train des équipages manquent ; deux sont morts, un cavalier blessé vient de mourir. [9 au total].
Le reste de l’escorte se replia sur Mehedya, poursuivi par l’ennemi ; deux conducteurs indigènes blessés se jetèrent à la mer et regagnèrent Mehedya par la plage. Tous les cadavres ont été ramenés à Knitra.


Le Petit Parisien 1911-05-15  Numéro 12616 P 1

Le général Dalbiez, qui commande le troisième échelon, le corps de réserve, si l’on peut dire, avait atteint samedi Dar-el-Roussi, a proximité de Salé. Il a poursuivi sa marche sur Kenitra, amenant avec lui un bataillon de tirailleurs, un bataillon de Sénégalais et deux compagnies d’infanterie coloniale.
Un convoi qui allait de Rabat à Mehedia a été assailli par les rôdeurs. C’est la quatrième agression qui se produit dans cette région depuis dix jours.

Encore un convoi attaqué
Nous avons un soldat tué et trois blessés
Rabat, 14 mai.
Le général Dalbiez campe avec environ 1500 hommes au nord de Salé. Il se dirige sur Knitra.
Une opération à 10 ou 15 kilomètres de profondeur dans la forêt de Mamora est de plus en plus indispensable, car la piste de Salé à Mehedia et Knitra est en effet devenue inaccessible, sauf pour les importants contingents en armes qui eux même sont attaqués.
Hier, un détachement de tirailleurs et d’infanterie coloniale a essuyé un feu nourri de cavaliers Ahmar et Zemmour. Un colonial a été tué et trois tirailleurs algériens grièvement blessés.
Si cette situation continue, Mehedia et Knitra risquent d’être isolés de Rabat et de la Chaouia.



Le Petit Parisien 1911-05-16  Numéro 12617 P 1

Beni Hassen et Zemmour attaquent notre camp
Ils nous tuent un tirailleur
Tanger, 15mai.
Mehedia, 14 mai.-
Dans la nuit du 13 au 14, un fort parti ennemi, profitant des ténèbres, a tenté, vers deux heures et demie, d’attaquer le camp. Les avant-postes ont signalé sa présence et se sont repliés sur le camp. Des feux de salve ont ralenti l’élan des assaillants et une contre-attaque à la baïonnette les a déroutés. Nous avons eu un tirailleur tué. Les assaillants étaient des Beni Hassen et des Zemmour.


LA PRESSE   1911/05/16 (Numéro 6902). P 1

Le général Moinier s'est attaché à occuper solidement les points d'étapes pour prévenir des attaques dangereuses contre nos convois.
Les tribus voisines de Kenitra se décident à rentrer dans leurs douars et apportent quelques denrées. Cette attitude fait espérer au général un ravitaillement plus facile des troupes lancées sur Fez. [Par la réquisition de ces « quelques denrées »]



Le Matin 1911-05-17  Numéro 9941  P 1

Une dépêche du général Moinier nous annonce que dans la journée de dimanche elle a essuyé de vives attaques, dont quelques-unes durent être repoussées à la baïonnette.
Les Marocains attaquent en ordre dispersé. Les charges de leurs cavaliers ne sont pas arrêtées complètement par l’artillerie ou les salves de l’infanterie. Leur courage et leur acharnement sont tels qu’ils arrivent jusqu’à nos baïonnettes.



Le Petit Journal 1911-05-17  Numéro 17673 P1

La marche en avant et les difficultés de la colonne volante

Le ministère des Affaires étrangères a communiqué, hier, un télégramme de Rabat d’après lequel les attaques des rebelles contre les colonnes Brulard et Gouraud se sont renouvelées pendant la journée du dimanche 15 mai : il fallu encore les repousser à la baïonnette. Les pertes éprouvées ont été peu importantes, dit le communiqué officiel.



Konitra – Colonne de Fez - Le Général Moinier conférant avec son État-major


« Le terme de colonne de Fès (ou colonne de Fez) désigne les troupes mixtes envoyées à Fès par la France pour combattre les tribus marocaines révoltées. La colonne partit de Casablanca le 21 avril 1911 ; elle comprenait quelque 20.000 hommes, 2000 chameaux, des centaines de mulets, les montures des cavaliers, les munitions, l'équipement et l'approvisionnement. Elle s'étirait sur plusieurs kilomètres.

Sur cette photo, on reconnaît de gauche à droite :

•le capitaine Kahn,
•le capitaine Raky,
•le général Moinier, commandant la colonne,
•le colonel Brulard, responsable de l'avant-garde,
•le capitaine Pelletat,
•le lieutenant-colonel Appert,
•le capitaine Delmas,
•le capitaine Daugan. »


Le Petit Journal 1911-05-18  Numéro 17674 P 1

Les seuls renseignements récents parvenus sur les mouvements de la colonne sont les suivants :
   Tanger, 17 Mai.
La colonne Simon, avec le général Moinier, et la colonne Gouraud sont restées en arrière. Cette dernière assure le ravitaillement de la colonne légère.
1500 hommes, avec le général Dalbiéz, attendent à El-Knitra.
Le lieutenant Jeannerod et M.Boisset ont dû rencontrer l’avant-garde de la colonne Brulard dans la journée d’hier.