Kenitra, centenaire de l’occupation

mardi 20 décembre 2011

L’occupation de Kenitra en 1911 sous le prétexte de secourir la ville de Fès, était de la même manière que Casablanca fut prise en 1907, avec l’alibi de sauver les ressortissants européens y résidant.

La marche sur Kenitra visait en réalité la conquête de la plaine du Gharb, la soumission des Beni Hssen, ″pacification″ des régions de Fès, Meknès et la main mise sur les riches terres cultivables du haut Sebou.

Voici une vidéo qui essaie de célébrer les sacrifices, les luttes et les batailles héroïques des Bnin Hsen et des Zemmour, qui marquent une partie douloureuse de l'histoire de Kenitra.





12 - « Mensonges crevés »

jeudi 1 décembre 2011

Il faut bonne mémoire après qu'on a menti.
[Pierre Corneille]


12 - « Mensonges crevés 

Les nouvelles du Maroc sont encore obscures et troubles. On a le sentiment que toutes les correspondances de là-bas sont truquées. Il sera curieux, dans quelques semaines, quand on pourra savoir un peu ce qui s’est passé, de comparer la réalité aux récits qui maintenant nous sont faits.
Ce qui est certain, c’est que le projet connu d’expédition française provoque dans les tribus marocaines un redoublement d’agitation.
Ce qui est certain aussi, c’est que de redoutables complications diplomatiques se préparent. Les journaux officieux allemands ont des façons à la fois énigmatiques et ironiques. Ils disent en substance aux pangermanistes : Pour quoi donc nous émouvoir ? Le Maroc ne s’avale pas d’un seul trait. »
28-04-1911.


« Il apparaît bien que la France a été odieusement mystifiée par ceux qui ont machiné l’expédition marocaine.
Ils disaient que Fez allait succomber ; que la ville ne pouvait plus se ravitailler. On apprend maintenant que la ville peut tenir longtemps ; et les courriers venus du Maroc établissent que les vivres n’ont même pas haussé, que le blé se vend, comme l’année précédente, 3francs les 50 kilos, que la viande se vend 70 centimes le kilo. Jamais les communications de Fez et de Tanger n’ont été interceptées.
Ils avaient dit que le commandant Brémond était à bout de munitions. On avoue maintenant qu’il a plus de 250.000 cartouches ; et il semble certain qu’il est approvisionné pour plusieurs semaines.
Ils avaient dit que le sultan Moulaï Hafid avait sollicité une expédition française. Qu’on traduise un seul document qui l’établisse. Le sultan avait seulement écrit aux tribus des Doukhalas, les Beni-Meskin et des Chaouïa, pour leur demander d’envoyer des forces à Fez ; et il en a averti le général français qui commande dans la région de la Chaouïa.
Tout a été truqué, faussé, grossi pour persuader à l’opinion qu’une grande opération au Maroc était indispensable. Une autre politique était possible. Une autre politique est possible encore. »
29-04-1911


« On pouvait lire hier dans tous les journaux cette dépêche de l’agence Havas, expédiée de Fez à la date du 22 avril : « La ville est calme. Quinze cents cavaliers, venant de Taza, sont arrivés pour porter secours au sultan ». Il s’agit bien entendu, de cavaliers marocains. Il apparaît donc, par ce seul fait, que ni la situation de Fez, ni celle du sultan n’ont été un seul moment désespérées. Tous les mensonges par lesquels a été préparée depuis quinze jours l’expédition contre le Maroc tombent un à un. Maintenant encore, c’est notre intervention qui est le vrai péril. Et il suffirait de restituer au sultan les ressources qu’on lui a volées, pour qu’il puisse administrer et assurer l’ordre. Donner aux Marocains l’impression qu’ils ne seront ni pillés ni humiliés ».
30-04-1911


« Dans le chaos des nouvelles envoyées du Maroc, il est impossible de faire la part du mensonge et des tristes réalités auxquelles a abouti la politique marocaine de nos gouvernements depuis des années.
Il est fort probable qu’il y a une exagération énorme dans tous les récits qui représentent la situation de Fez et du Sultan comme désespérée. Mais il est certain que tout a été combiné depuis longtemps par M. Renault, par les financiers, par les généraux et colonels, pour désorganiser le Maroc et pour créer un état d’anarchie qui serve de prétexte aux opérations de conquête et de rapine. La sinistre besogne de ces hommes a produit ses effets contre le Maroc, contre la France, contre la sécurité internationale, contre la paix de l’Europe.
Si notre pays savait voir la vérité, s’il savait mesurer à l’étendue du crime l’étendue du châtiment, il frapperait d’une peine terrible tous ces imprudents.
Nos colonnes vont donc marcher sur Fez. Mais qu’adviendra-t-il ? Il se peut que, pendant la marche même de graves incidents se produisent. Si les tribus sont, comme le disent les dépêches, soulevées et fanatisées, elles opposeront peut-être une résistance redoutable. Toutes les surprises sont à craindre.
Ainsi la France va payer l’immoralité, la fourberie, le cynisme de la politique qui a été pratiquée en son nom par des hommes livrés aux intérêts les plus bas ou aux vanités les plus sordides. »
08-05-1911
Jean Jaurès




Jean Jaurès, est un homme politique français, né à Castres (Tarn) le 3 septembre 1859 et mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914 par Raoul Villain
Jean Jaurès fait ses études au lycée Louis-le-Grand. En 1878, il est reçu premier à l'École normale supérieure en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termine troisième à l'agrégation de philosophie
Jean Jaurès était un pacifiste, c'est-à-dire un partisan de la paix, il voulait la paix entre les nations, les peuples:
" Il serait vraiment triste que nous n'ayons aucun moyen d'empêcher la lutte et le meurtre entre les nations. "
Jean Jaurès est assassiné ...
Au soir du 31 juillet 1914, Jean Jaurès dîne avec ses collaborateurs du journal " L'Humanité " au café du Croissant à Paris.
Un nationaliste, Raoul Villain, tire deux balles de revolver qui atteignent Jean Jaurès en pleine tête : Jean Jaurès meurt sur le coup.
Raoul Villain a été acquitté, c'est-à-dire non coupable ! Le meurtrier de Jaurès sera acquitté dans un contexte de fort nationalisme.
Et même, la femme de Jean Jaurès a été condamnée aux dépens : cela veut dire qu'elle a été obligée de payer les frais du procès...

Journaux de 1911



Le Petit Journal 1911-05-23  Numéro 17679 P 4
Le combat d’El-Knitra
(Dépêche de l’Agence Fournier)
Tanger, 22 Mai.
Un radiogramme de Rabat, en date du 21, confirme l’attaque d’El-Knitra qui s’est produite le 19 courant.
Au cours de cette rencontre, le capitaine des tirailleurs Petitjean et un tirailleur ont été tué ; deux soldats des troupes coloniales ont été blessés.


Colonne de Fez 1911 - Goumiers arrivant à Konitra



Le Petit Journal 1911-05-26  Numéro 17682 P 1
Nouvelle attaque contre nos troupes au Maroc
L’escorte du général Ditte a eu cinq tués et trois blessés près de Rabat
Dans la soirée d’hier, la dépêche suivante nous a apporté la nouvelle d’une attaque sur la côte occidentale du Maroc, attaque au cours de laquelle nos troupes ont subi des pertes :

Casablanca, 25 Mai.
Le général Ditte, qu’escortait un escadron de chasseurs d’Afrique, a été attaqué aujourd’hui à Dar-el-Aroussi par un groupe important de Marocains. Le général se rendait de Mehedya à Rabat. Nous avons eu cinq tués et quatre blessés.
Une dépêche ultérieure a confirmé le fait, en précisant la qualité des tués et des blessés. En voici le texte :
Tanger, 25 Mai.
Rabat, 24 Mai. – Le général Ditte est arrivé, venant de Mehedya.
Son escorte a été attaquée avant Salé par un parti d’Ahmer. Nous avons eu un lieutenant, un sous-officier, un brigadier et deux hommes tués ; un capitaine et deux soldats blessés.
Le lieutenant tué s’appelle Monot.
On se souvient qu’au même endroit, — Dar-el-Aroussi, — des convois de la colonne volante, qui commençait alors sa marche vers Fez, avaient été attaqués par deux fois, le 6 et le 9 mai. À cette dernière date, le général Moinier avait dû repousser une vive agression.
L’engagement d’hier témoigne de l’hostilité obstinée des tribus qui entourent Mehedya, la base d’opérations des colonnes.


Vers Fez - Colonne campée devant la Casbah d'El Konitra





Le Petit Journal 1911-05-27  Numéro 17683 P 1
Tanger 26 Mai.
Les victimes que nous avons à déplorer depuis le début de la marche sur Fez sont toutes tombées entre Salé et Kenitra. La réputation de cette piste est devenue si détestable qu’aucun voyageur, aucun négociant n’ose s’y aventurer même avec une escorte bien armée. Un certain nombre de campements de Zaer, de Zemmour, d’Ahmar et de Beni-Ahssen, ont élu domicile dans la partie de la forêt de Mamora qui borde la piste de Salé à Mehedya et ce sont toujours les même qui dirigent les attaques très violentes, soit contre nos camps, soit contre nos soldats en marche.
Ajoutons que, dans les milieux militaires, on estime que l’incendie de la partie de la forêt de Mamora à laquelle il est fait allusion plus haut est indispensable, afin de dégager la piste et d’empêcher les bandes de Berbères de trouver un abri trop commode.



Campagne du Maroc  1907 – 1911- Les troupes étaient cantonnées dans la kasbah de Mehdia



LE FIGARO   1911/06/09 (Numéro 160). P 2

Les opérations du général Moinier
Berlin, 8 Juin
     Le départ du général Moinier avec le gros des troupes aura peut-être pour conséquence que la colonie européenne lui demandera de revenir au plus tôt
Le correspondant du « Lokalanzeiger », qui est revenu à El-Kounitra avec la colonne du colonel Comte. II estime cependant que la base des opérations à Mehedya et à El-Kounitra est tout à fait insuffisante pour une action s'étendant sur 300 kilomètres, que cette base est continuellement menacée par l'ennemi caché dans la forêt de Mamora, que le général Moinier n'a pas assez de troupes et que beaucoup de temps se passera avant qu'il ne devienne maître de la situation.



Campagne du Maroc 1907-1911 Borje abritant le port de Mehdia


LE GAULOIS    LUNDI 15 JUIN 1911 N° 12297 – P 2

DERNIERE HEURE
LA FRANCE AU MAROC
Sur la route de Rabat
Rabat, 10 juin.

La colonne envoyée par le général Ditte le long des rives pour chasser les pillards est rentrée à Mehdia après avoir traversé le pays elle a constaté partout le calme.

La route de Salé à Mehedia est toujours coupée, par les révoltés qui guettent le passage de nos convois ceux-ci sont l'objet de fréquentes attaques.
Un chasseur d'Afrique qui surveillait des troupeaux de chameaux près de Mehedia a été tué.



Campagne du Maroc 1907 - 1911 Mehdia, à l’embouchure de Sebou ; point de débarquement de la colonne de Moinier


Le Matin 1911-06-21  Numéro 9976  P 3

Sérieux engagement
dans la forêt de la Mamora

Tanger, 20 juin. – Dépêche de l’envoyé spécial du « Matin ». – Une reconnaissance composée d’environ 2000 hommes (tirailleurs algériens, tirailleurs sénégalais et troupes coloniales), opérant dans la forêt de la Mamora, est tombée sur un groupement d’environ 4000 Marocains.
Nous avons eu sept blessés, dont deux lieutenants. L’ennemi a subi de grosses pertes. Toutes les récoltes qui servaient d’embuscade aux Marocains ont été incendiées.



Le Petit Journal 1911-06-21  Numéro 17708 P 1

Une rencontre dans la Forêt de Mamora
Deux officiers français blessés
(Dépêche de l’agence Havas)
Casablanca, 20 Juin.
Une reconnaissance a eu lieu, hier, dans la forêt de Mamora, à 25 kilomètres au nord-est de Salé, contre les Ahmar et Zemmours.
Deux officiers ont été légèrement blessés. Un tirailleur a été tué et quatre tirailleurs ont été blessés.


Campagne du Maroc 1907 - 1911 -Mehdia - Le Camp et la lagune


11 - La machine militaire française

mardi 1 novembre 2011

« Le Mensonge peut courir un an, la vérité le rattrape en un jour. »
Proverbe africain


Il est à noter que durant ces combats, l’envahisseur n’épargna pas l’inviolabilité des mosquées. Il divisa la mosquée de la Kasbah de Kenitra en divers locaux ; elle abrita :
Le dispensaire.
Le service télégraphique sans fil.
L’école.
L’église.
Résidence pour le chef militaire.
Résidence pour le Contrôleur Civil.



La Kasbah Poste d'anoceur


La Télégraphie sans fil sur la Mosquée


 La Mosquée Résidence pour le chef militaire



La Mosquée Résidence pour le Contrôleur Civil.

Dans le dessein de s’allier l’opinion publique et de la convaincre du bien-fondé des tueries massives au sein de la population autochtone, seule façon de garantir une victoire rapide, les forces françaises avaient fait un large usage de la photographie lors du bombardement de Casablanca et ses environs. Seulement la réaction désapprouvant d’une partie de l’opinion internationale et même à l’intérieur de l’Hexagone poussa les autorités militaires à censurer rigoureusement toutes les informations sur la conquête de Mehdia/Kenitra.

« Lorsque j'ai lu, il y a quelques jours, dans le journal le Matin (Mouvements divers) le long télégramme de son correspondant lui racontant qu'un rassemblement de Marocains, qui n'était pas un camp, qui n'était pas une armée, qui était un grand village nomade, un rassemblement d'hommes, d'enfants et de femmes, lorsque j'ai lu dans ce journal que ce rassemblement, qui n'a même pas essayé de se défendre, a été surpris, enveloppé par notre artillerie, foudroyé, et que nul être humain n'a échappé... »
Contre la guerre au Maroc-Jean Jaurès-P 23

« C'est le correspondant du Journal le Temps, M. Réginald Kahn, qui dit :
On ne peut même pas parler de combat; ce ne fut pas un combat, ce fut une course, et dans le camp tout a été passé à la baïonnette ».
Contre la guerre au Maroc-Jean Jaurès-P 26


Colonne de Fez 1911


Campagne du Maroc 1907 - 1911 Convoi entrant dans la forêt Maâmora





Journaux de 1911



LE FIGARO   1911/05/09 (Numéro 129). P 2

Au Maroc
Le devoir du gouvernement
 « La colonne de secours est-elle en marche vers Fez? »

     Telle est la question, l'unique question que se posent actuellement tous les Français. A cette question angoissante, nous sommes malheureusement obligés de faire, chaque matin, la même réponse « Non, là colonne de secours n’a point encore bougé ! »
Chaque journée qui s'écoule accroît l'angoisse, la désillusion et la colère du public. Chacun de nous a l'impression d'avoir été, depuis bientôt quinze jours, trompé, berné par le gouvernement. On nous a dit dès la fin du mois d'avril que le général Moinier était prêt à marcher. Pourquoi ce mensonge?
     Si du côté de l'ouest les difficultés sont trop grandes, s'il est impossible, par cette voie, d'arriver à Fez en temps opportun, pourquoi donc ne marche-t-on pas de l'autre côté?
     Au milieu de cette anxiété croissante, le gouvernement, lui, ne se départ pas de son calme olympien et de son optimisme béat. Le ministère des affaires étrangères fait connaître à qui l'interroge que l'organisation de la colonne et les conditions de son départ concernent exclusivement le ministre de la guerre.
     « Cela ne nous regarde point, disent ces messieurs du quai d'Orsay. Adressez vous à la rue Saint-Dominique Après quoi leur conscience est tranquille. Quant aux hôtes de la rue Saint-Dominique, ils se déchargent, a leur tour, de toute responsabilité sur le général Moinier. Une note officielle du ministère de la guerre a informé le public que ce général, et non les bureaux du ministère, assumait la charge de tout organiser et de pourvoir à tout. Le ministre de la guerre fait comme Ponce-Pilate il s'en lave les mains il prend bien soin de nous aviser qu’il n'est pour rien la dedans.
̃̃      Mais alors, a quoi sert le ministre de la guerre ? A quoi sert le gouvernement?
     Le gouvernement se dérobe ainsi à ce qui constitue absolument son devoir le plus impérieux. Il a cependant les moyens de correspondre, jour par jour, heure par heure, avec le général Moinier. Il est urgent, il est indispensable qu'il sache de lui aujourd'hui même, s'il est enfin, oui ou non, en mesure de marcher. Si c'est oui, qu'il marche et qu'il arrive devant Fez au plus tôt. Si c'est non, qu'on se serve sans plus tarder, de nos troupes rassemblées par le général Toutée sur la Moulouya et qui paraissent beaucoup mieux préparées à leur tâche, beaucoup mieux organisées.
     A l'heure présente, une considération domine tout : gagner Fez au plus tôt, empêcher, par tous les moyens, cette chose véritablement honteuse pour nous, la prise de la capitale par les rebelles, la chute du Sultan, peut-être le massacre de nos compatriotes, alors que nous ayons vingt mille hommes dans la Chaouia et presque autant sur la frontière oranaise.

     Il restera ensuite à se demander à la suite de quelles négligences, de quelle incurie notre armée coloniale, entretenue à grand frais, se montre ainsi incapable, de remplir sa fonction.
      "Pour l’instant notre attente a suffisamment duré. Il faut que dès maintenant le gouvernement nous dise ce qu'il veut, ce qu'il fait!
Raymond Recouly.
La colonne Brulard
     Il ne paraît pas que la colonne Brulard ait encore commencé son mouvement sur Fez.'
Voici les seules dépêches qui soient parvenues de Rabat

Rabat, 5 mai.

     Deux escadrons de spahis, deux compagnies de la légion étrangère et 300 chameaux avec des munitions traversent le Bou-Regreg.
      Le général Moinier a reçu dans la matinée la colonie française. Le consul a présenté les vœux de la colonie pour le succès de la mission pacificatrice que le général va entreprendre.
 Casablanca, 7 mai.



MEHEDYA. – Le débarcadère

Une conférence sur le principe du mode de ravitaillement des colonnes a réuni les directeurs du port, de l'intendance et des étapes auxquels l'ingénieur Pobeguin a exposé les conditions pratiques d'utilisation de Mehedva et du Sehou.


Rabat,7 Mai
     Hier matin, près de Salé, un second convoi sans escorte a été attaqué par des rôdeurs Beni-Hassen un sous-officier du train a été tué et deux soldats indigènes blessés.
Des bandes suspectes rôdent autour d'El- Kounitra et sur la piste en bordure de la mer.
Une harka chérifienne se concentre à Salé d'où deux bataillons vont partir pour El- Kounitra.

     Un soldat français blessé lors de la première attaque de convoi; est mort des suites de ses blessures.
     Ce soldat est un nommé Joseph Nicol, du 16e escadron du train des équipages de la garnison de Tunis, originaire de Bligny-le-Sec (Côte-d'Or).




Le Petit Journal 1911-05-10  Numéro 17666 P 4

Les nouvelles d’El-Knitra signalent que les attaques isolées contre les postes français et les troupes qui escortent le convoi de ravitaillement continuent.

Le colonel Gouraud à El-Knitra
Tanger, 9 Mai.
Rabat, 7 Mai. – 1600 coloniaux ayant à leur tête le colonel Gouraud ont traversé le Bou-Regreg, allant à El-Knitra.
Le général Moinier est parti avec eux.



Le Petit Parisien 1911-05-10  Numéro 12611 P 1

La colonne Brulard est prête à Knitra

Rabat, 9 mai.
Le service de renseignements de Knitra signale toujours d’importants rassemblements de Beni Hassen aux abords de la piste que doit suivre la colonne.
        On a retrouvé le corps d’un cavalier français du train, porté comme disparu lors de l’attaque du convoi du 6.
        Les colonnes Brulard et Simon, réunies à Knitra, possèdent actuellement tous leurs approvisionnements. On me dit qu’on attendra l’arrivée des colonnes de soutien Dalbiez et Ditte  actuellement en formation pour que le signal du départ soit donné.



Le Petit Parisien 1911-05-11  Numéro 12612 P 1
Les groupes rebelles harcèlent nos camps
Autour de Knitra même, où le général Moinier s’est rendu ce matin, des bandes de cavaliers rôdent aux environs du camp du colonel Brulard. Celui-ci envoie quotidiennement des reconnaissances de cavalerie dans le but de dégager la route  de Rabat et de prévenir les incursions des ennemis du côté du sud-est aussi, car des rassemblements importants sont signalés près de Mechra-Remla.
Les lenteurs et les retards de ces derniers jours font craindre que l’on ne rencontre une grosse résistance chez les Beni Hassen. Ces derniers ont chassé un de leurs principaux caïd, El Gueddari ; ils lui reprochaient de ne pas vouloir partir en guerre sainte et d’avoir fait remettre en liberté un journaliste français capturé non loin de l’oued Beht.

Des émissaires des Menasra ont signalé à Souk-el-Arba que les Beni Hassen avaient dû attaquer la colonne à Knitra le 8, et qu’il avaient nettement entendu le bruit du canon dans cette direction.

10 - la colonne a atrocement assassiné et froidement spolié toute la région

mardi 11 octobre 2011

Mais il est vraiment étonnant de constater qu’un grand nombre d’étrangers qui s’étaient penchés sur l’occupation française du Maroc n’y avaient vu qu’une entreprise pacifique.


Prisonniers marocains travaillant dans la Kasbah de Mehdia

« Nous allions trouver une nzala hospitalière. Hélas ! En quel état nous apparut cette halte tant désirée! Des murs rasés jusqu'au sol, des amas de décombres, quelques pans de pisé chancelants. A terré, à des trous noirs on reconnaissait encore la place où avaient été des foyers. Un hibou, dons une ruine informe, hululait sinistrement à la nuit qui tombait.
C'était la première image que j'avais des effets du canon, de notre merveilleux canon de campagne. Dans ce crépuscule, c'était sinistre, ce désert, cet abandon, là où quelques familles de pasteurs avaient tant d'années vécu en paix. Mais la colonne était venue. Ils avaient résisté ou voulu le tenter, avec leurs misérables fusils. C'avait été en quelques instants la débâcle. Ils avaient fui. Ils étaient allés rebâtir plus loin, hors des grands chemins que suivent les conquérants. »
Au Maroc en 1912-Gustave-Babin- Derrière un fanion bleu- P235-236

« Et cela ne suffit pas. Voici que nos bons journaux, le Matin en tête de la meute, demandent que le Maroc nous paie une indemnité pour les ruines que nous avons faites à Casablanca, inutilement et sauvagement, pour les maisons que nous avons ravagées dans la plaine de la Chaouïa, pour les douars que nous avons brûlés, pour les femmes et les enfants que nous avons chrétiennement broyés sous nos obus. C'est cela qu'on médite »
Contre la guerre au Maroc-Jean Jaurès-P 58-59

Journaux de 1911

Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 3

Convois enlevés.
El-Qounitra, 7 mai. – Quelques instants après qu’ils eurent attaqué, la veille, un convoi de ravitaillement venant de Salé à El-Qounitra, et nous eurent tué un brigadier et un soldat du train, les Marocains attaquèrent encore et enlevèrent un convoi civil de neuf chameaux chargés de vivres et de conserves appartenant à un cantinier autorisé à suivre la colonne.
Cela leur faisait 149 chameaux dans leur journée, auxquels ils ajoutèrent le lendemain, pour compléter le « tableau » 60 mulets.
La colonne Simon.
El-Qounitra, 7 mai, 6heures soir. – Une partie de la colonne Simon, annoncée, vient d’arriver. Elle a été retardée en route par une attaque à six kilomètres environ avant son entrée en forêt. Vous devez avoir déjà par Rabat, des détails sur cet engagement. Les Marocains, au nombre de cinq cents cavaliers environ, furent aperçus par le service d’éclaireurs spahis. On mit aussitôt une section de 75 en batterie, et par quelques obus bien placés on réussit à mettre rapidement les assaillants en fuite, leur causant de nombreuses pertes. Un obus, particulièrement heureux tomba dès les premiers coups au milieu d’un groupe compact de cavaliers, les dispersant pour la plupart dans les airs. [!!!]
Au cours de cette attaque, nous avons eu un spahi blessé et un goumier tué. Le corps de ce dernier vient d’arriver au camp, percé de deux balles, à la poitrine et à la tête.


Exécution d’un résistant

Hier, à Rabat, un Marocain ayant avoué [‼] avoir pris part à l’attaque du convoi de chameaux fut pris comme espion, jugé et condamné à mort. Il fut amené aujourd’hui de Rabat, avec la colonne Simon, sur l’endroit même où était tombé le brigadier du train Pinson, et fusillé par un peloton composé de deux tirailleurs algériens et de deux soldats coloniaux. Le cadavre ayant été exposé au bord de la route toute la colonne défila devant lui.
Le camp attaqué.
El-Qounitra, 7 mai, six heures du soir. – Le camp d’El-Qounitra vient d’être attaqué en plein jour et sur toutes les faces à la fois ; les troupes ont eu, de midi à six heures du soir, à repousser une attaque venant de l’ouest, s’est-à-dire du côté de Rabat, et une seconde attaque venant du sud, du côté de la forêt.
Il n’en est pas moins vrai que nous devons nous considérer  maintenant en pleine région hostile, et que toutes les mesures doivent être prises en conséquence.
Elles le sont d’ailleurs. Si notre séjour se prolonge ici nous finirons par nous trouver dans la situation où était le général Drude à Casablanca, pendant les mois d’août et de septembre 1907 : toujours sur le qui-vive, à la merci des démonstrations de quelques groupes marocains qui suffisent à mettre tout le camp en action et à nous occasionner des pertes quotidiennes.



Le Petit Journal 1911-05-15  Numéro 17671 P 4

Un convoi de Rabat à Mehedya a été attaqué à la sortie de salé par des rodeurs. Deux tirailleurs et un soldat d’infanterie coloniale ont été blessés.

Le convoi attaqué
Tanger, 14 Mai.
On mande d’El-Knitra, 6 mai, à Tanger : Un convoi d’arabas a été attaqué hier, près de Mehedya ; il comptait 21 voitures ; les mulets furent capturés par l’ennemi ; six cavaliers du train des équipages manquent ; deux sont morts, un cavalier blessé vient de mourir. [9 au total].
Le reste de l’escorte se replia sur Mehedya, poursuivi par l’ennemi ; deux conducteurs indigènes blessés se jetèrent à la mer et regagnèrent Mehedya par la plage. Tous les cadavres ont été ramenés à Knitra.


Le Petit Parisien 1911-05-15  Numéro 12616 P 1

Le général Dalbiez, qui commande le troisième échelon, le corps de réserve, si l’on peut dire, avait atteint samedi Dar-el-Roussi, a proximité de Salé. Il a poursuivi sa marche sur Kenitra, amenant avec lui un bataillon de tirailleurs, un bataillon de Sénégalais et deux compagnies d’infanterie coloniale.
Un convoi qui allait de Rabat à Mehedia a été assailli par les rôdeurs. C’est la quatrième agression qui se produit dans cette région depuis dix jours.

Encore un convoi attaqué
Nous avons un soldat tué et trois blessés
Rabat, 14 mai.
Le général Dalbiez campe avec environ 1500 hommes au nord de Salé. Il se dirige sur Knitra.
Une opération à 10 ou 15 kilomètres de profondeur dans la forêt de Mamora est de plus en plus indispensable, car la piste de Salé à Mehedia et Knitra est en effet devenue inaccessible, sauf pour les importants contingents en armes qui eux même sont attaqués.
Hier, un détachement de tirailleurs et d’infanterie coloniale a essuyé un feu nourri de cavaliers Ahmar et Zemmour. Un colonial a été tué et trois tirailleurs algériens grièvement blessés.
Si cette situation continue, Mehedia et Knitra risquent d’être isolés de Rabat et de la Chaouia.



Le Petit Parisien 1911-05-16  Numéro 12617 P 1

Beni Hassen et Zemmour attaquent notre camp
Ils nous tuent un tirailleur
Tanger, 15mai.
Mehedia, 14 mai.-
Dans la nuit du 13 au 14, un fort parti ennemi, profitant des ténèbres, a tenté, vers deux heures et demie, d’attaquer le camp. Les avant-postes ont signalé sa présence et se sont repliés sur le camp. Des feux de salve ont ralenti l’élan des assaillants et une contre-attaque à la baïonnette les a déroutés. Nous avons eu un tirailleur tué. Les assaillants étaient des Beni Hassen et des Zemmour.


LA PRESSE   1911/05/16 (Numéro 6902). P 1

Le général Moinier s'est attaché à occuper solidement les points d'étapes pour prévenir des attaques dangereuses contre nos convois.
Les tribus voisines de Kenitra se décident à rentrer dans leurs douars et apportent quelques denrées. Cette attitude fait espérer au général un ravitaillement plus facile des troupes lancées sur Fez. [Par la réquisition de ces « quelques denrées »]



Le Matin 1911-05-17  Numéro 9941  P 1

Une dépêche du général Moinier nous annonce que dans la journée de dimanche elle a essuyé de vives attaques, dont quelques-unes durent être repoussées à la baïonnette.
Les Marocains attaquent en ordre dispersé. Les charges de leurs cavaliers ne sont pas arrêtées complètement par l’artillerie ou les salves de l’infanterie. Leur courage et leur acharnement sont tels qu’ils arrivent jusqu’à nos baïonnettes.



Le Petit Journal 1911-05-17  Numéro 17673 P1

La marche en avant et les difficultés de la colonne volante

Le ministère des Affaires étrangères a communiqué, hier, un télégramme de Rabat d’après lequel les attaques des rebelles contre les colonnes Brulard et Gouraud se sont renouvelées pendant la journée du dimanche 15 mai : il fallu encore les repousser à la baïonnette. Les pertes éprouvées ont été peu importantes, dit le communiqué officiel.



Konitra – Colonne de Fez - Le Général Moinier conférant avec son État-major


« Le terme de colonne de Fès (ou colonne de Fez) désigne les troupes mixtes envoyées à Fès par la France pour combattre les tribus marocaines révoltées. La colonne partit de Casablanca le 21 avril 1911 ; elle comprenait quelque 20.000 hommes, 2000 chameaux, des centaines de mulets, les montures des cavaliers, les munitions, l'équipement et l'approvisionnement. Elle s'étirait sur plusieurs kilomètres.

Sur cette photo, on reconnaît de gauche à droite :

•le capitaine Kahn,
•le capitaine Raky,
•le général Moinier, commandant la colonne,
•le colonel Brulard, responsable de l'avant-garde,
•le capitaine Pelletat,
•le lieutenant-colonel Appert,
•le capitaine Delmas,
•le capitaine Daugan. »


Le Petit Journal 1911-05-18  Numéro 17674 P 1

Les seuls renseignements récents parvenus sur les mouvements de la colonne sont les suivants :
   Tanger, 17 Mai.
La colonne Simon, avec le général Moinier, et la colonne Gouraud sont restées en arrière. Cette dernière assure le ravitaillement de la colonne légère.
1500 hommes, avec le général Dalbiéz, attendent à El-Knitra.
Le lieutenant Jeannerod et M.Boisset ont dû rencontrer l’avant-garde de la colonne Brulard dans la journée d’hier.

9 - Les étapes en sont marquées par les noms des officiers morts

jeudi 1 septembre 2011

En dépit des informations erronées publiées par les journaux coloniaux et malgré l’occultation des rapports militaires français, personne ne pouvait dire que la machine de guerre coloniale avait pris Kenitra et sa région en se promenant. Les pertes matériels et humaines étaient énormes. Mais seules sont rendues publiques les pertes en officiers. Les tirailleurs Sénégalais, les tirailleurs Algériens et les zouaves n’avaient pas droit à cet honneur.

 « A marche des troupes françaises, parties de Kenitra, à travers les Beni-Hassen, les
Cherardas et les Zemmours, fut une action de guerre magnifique où s’illustrèrent avec
leur chef le général Moinier, le général Dalbiez, les colonels Brulard et Gouraud.


Le capitaine des tirailleurs Petitjean

Les étapes en sont marquées par le nom des morts, le lieutenant Monod [Lieutenant Maurice MONOD qui commandait le 3éme escadron du 1er Chasseurs d’Afrique tué le 24 Mai 1911 en se rendant de Kenitra à Salé.] et le capitaine Petitjean. D'autres aussi sont tombés qui n’eurent pas l'honneur de laisser leurs noms à leurs postes parce qu'ils n'étaient que soldats ou sous-officiers »
MES AVENTURES MAROCAINES Christian HOUEL-P131


« Le pays est en révolte, en « dissidence » comme on dit ici. Le convoi passe, de quatre en quatre jours, remontant vers l'intérieur ou regagnant la mer. Il passe tout juste, à condition d'être sous bonne escorte, et presque chaque nuit, au gîte, des coups de fusil réveillent en sursaut le camp, les convoyeurs. »
Au Maroc en 1912-Gustave-Babin- Derrière un fanion bleu- P239-240

On pillait les douars, on raflait le bétail, on brûlait les récoltes, on s’appropriait de tout pour sanctionner une population qui s’acharnait à repousser l’occupant. On brûle une partie de la forêt Mamora autour de Kenitra pour déloger les résistants‼

 « Les chameaux réquisitionnés dans toute la Chaouïa sont remis par groupes de cent »
LA PRESSE   1911/04/28 (Numéro 6884). P1

 « Les fantassins et les cavaliers de la méhalla étaient exaspérés par ces attaques incessantes pendant leur lente marche, aussi les instructeurs ne purent-ils les empêcher de mettre le feu aux récoltes et à tous les douars qu’ils trouvaient sur leur passage. ».
Le Matin 1911-05-01  Numéro 9925  P 3 :

 « Les Cherarda, les Hadjaoua et les Beni Hassen demanderaient leur pardon au sultan. Ils disent qu’ils enverront samedi à Cherkaoui des délégués pour demander la paix à Omrani, dans la crainte que la mehalla de la Chaouia ne brûle leurs récoltes. »
Le Petit Parisien 1911-05-04  Numéro 12605 P 3

« Les Beni-Ahsen disent que la méhalla d’El Omrani ne serait pas à la casbah d’El-Qounitra, mais à Dar-el-Aros. Des groupes de Beni-Ahsen de la plaine sont allés chez le caïd Si Mohamed el Guedary el Moktari, pour essayer d’entrer en pourparlers avec la méhalla, et éviter ainsi d’être razziés. »
Le Matin 1911-05-04  Numéro 9928  P3

 « Les tribus voisines de Kenitra se décident à rentrer dans leurs douars et apportent quelques denrées. Cette attitude fait espérer au général un ravitaillement plus facile des troupes lancées sur Fez. » [Par la réquisition de ces « quelques denrées »] 
LA PRESSE   1911/05/16 (Numéro 6902). P 1

 « Aux dépêches du gouvernement enjoignant impérativement depuis dix jours de hâter la marche de la colonne volante, le général répond que pour ravitailler plus vite, tous les chameaux, les mulets de la Chaouia et même de Gharb furent déjà réquisitionnés. »
Le Petit Journal 1911-05-23  Numéro 17679 P 1





Après la Razzia, le partage de butin

Journaux de 1911


Le Petit Parisien 1911-05-14  Numéro 12615 P 1
Rabat, 13 mai.
On sait néanmoins par le courrier arrivé à Knitra que la colonne (Brulard) a effectué sa première étape sans trop de difficultés.
Elle a suivi la piste d’été jusqu’à Sidi-Ayech, là, elle a été attaquée par environ cinq à six cent cavaliers et fantassins Beni Hassen, qui ont été repoussés par la cavalerie, celle-ci étant vigoureusement appuyée par l’artillerie rapide, qui, comme d’ordinaire, à jeté la panique parmi les cavaliers.
Un convoi a encore été attaqué hier entre Salé et Mehedia. Un tirailleur algérien à été blessé légèrement.

Un journal du camp de Knitra
Tanger, 13 mai.
Voici des nouvelles rétrospectives sur les récentes attaques du convoi entre Salé et El Knitra :
El Knitra, 7mai, soir. – Une forte reconnaissance, sous les ordres du commandant Vidal, partie vers le sud, rencontra 200 Marocains qui attaquèrent la colonne.
Une batterie coloniale de 75 ouvrit le feu et dispersa les ennemis, qui se réfugièrent dans la forêt ; les pertes des ennemis sont d’une vingtaine de tués et blessés. Nous avons eu un spahi atteint à la joue par une balle qui lui fit une blessure en séton.
La colonne, arrivée à l’entrée de la forêt, sur le lieu du guet-apens du 5 mai, rencontra un espion marocain qui avait participé à l’affaire et qui fut fusillé sur-le-champ.
El Knitra, 8 mai. – Dans la nuit, deux alertes se sont produites. Les sentinelles avancées échangèrent des coups de feu avec les rôdeurs.
À dix heures du matin eurent lieu les obsèques du goumier Djilali.
A huit heures du soir, les échelons de la colonne envoyés successivement pour protéger le convoi parti de Mehedia pour Salé rentrèrent au camp. Le convoi fut attaqué à six kilomètres de Mehedia par de nombreux cavaliers.
Le premier échelon, sous les ordres du commandant Knoll, comprenant cinquante spahis et deux compagnies de tirailleurs, heurta le parti ennemi. Les spahis chargèrent, sabrant plusieurs Marocains.
Le second échelon, ayant à sa tête le commandant Jacquier, fort de cinquante spahis, de deux compagnies de zouaves et d’une section d’artillerie coloniale, opérait sur la gauche.
Le troisième échelon, sous la direction du commandant Rueff, et comprenant deux compagnies de tirailleurs, une de marsouins, une batterie de campagne avec le capitaine Vignaud, suivait.
Entre le premier et le second échelon, la mehalla de la Chaouia avec le caïd El Haiadi, les lieutenants instructeurs Harang et Prioux, donna courageusement. L’ennemi eut douze tué. Nous n’avons aucun mort français, mais le caïd El Haiadi a été tué avec deux hommes et un indigène a disparu.

Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 1   EL QOUNITRA

Déclaration du général Moinier à l’envoyé spécial du « Matin »
El-Qounitra, 9 mai.- De l’envoyé spécial du « MATIN ». (par radiotélégraphie de Rabat, 12 mai). – Je viens d’avoir un intéressant entretien avec le général Moinier. Le général me reçut sous un petit arbre abritant sa tente, dressée sur la face sud du camp, des qu’il eut terminé sa longue conférence avec le colonel Brulard et les officiers de son état-major :
L’opinion publique ne se rend pas compte en France, me dit-il, des très grosses difficultés qui se dressent devant nous.
On a annoncé la marche rapide d’une colonne volante sur Fez.
On a pu penser à un raid. On ne peut pas faire un raid dans un pays hostile, qui fait le vide devant vous et où on ne peut pas se ravitailler sur place.
Ce qui nous a retardés, c’est d’abord cette grosse question du ravitaillement et de ces lourds convois à lancer à 230 kilomètres de la base des opérations.
C’est pourquoi on a songé, des le début à utiliser Mahediya comme point de débarquement des approvisionnements.
Il ne faut pas se le dissimuler : nous rencontrons une vive résistance de la part des tribus.
Vous avez vu déjà que depuis Salé nous sommes heurtés aux hostilités des premières tribus. Mais je prévois pour plus tard de sérieux obstacles.

L’ATTAQUE d’un convoi
Récit de notre envoyé spécial
Camp d’El-Qounitra, 5 mai, 3 heures du soir. – de l’envoyé spécial du « Matin »(par rekkas spécial à Rabat). – On vient d’apprendre qu’un convoi de douze chameaux, appartenant à la Société d’études commerciales au Maroc, et revenant à vide d’El-Qounitra à Rabat, a été attaqué comme il traversait la forêt de la Mamora, à une dizaine de kilomètres d’El-Qounitra. Tous les chameaux ont été pris et les conducteurs revinrent au camp complètement dépouillés.
A peine venait-on d’apprendre cette agression qu’une nouvelle beaucoup plus grave nous parvenait.
Un spahi et un maréchal des logis du train arrivaient au camp à bride abattue et annonçaient qu’un convoi de ravitaillement chargé d’orge et d’argent venait d’être attaqué au même endroit par une centaine de Marocains embusqués dans la forêt.
L’échelon, à la tête duquel se trouvait le lieutenant, comprenait les chameaux chargés de caisses d’argent. Soudainement une vive fusillade crépita des deux côtés de la piste. Le lieutenant eut son cheval tué sous lui ; il fut atteint lui-même à la main droite d’une première balle qui lui fit lâcher le révolver dont il allait se servir pour repousser ses agresseurs puis une seconde balle le blessa à la figure et une troisième enfin l’atteignit légèrement dans la région des reins. L’officier tomba alors, et il allait être enlevé par les Marocains, lorsqu’il fut sauvé par un brigadier du train et un maréchal des logis de spahis. Mais la fusillade continuait. Un brigadier du train fut tué d’une balle à la tête ; un soldat de la même armé fut très grièvement blessé à la poitrine et au ventre.


Arrivée de blessés à l’Hôpital de Campagne de Mehdiya

La première victime.

El-Qounitra, 5 mai, minuit. – Je viens de me découvrir devant la première victime de cette campagne. L’infortuné brigadier est étendu là, sur un brancard, aux pales rayons de la lune, devant la tente d’ambulance. On vient de le ramener avec le soldat du train blessé, auquel le major prodigue ses soins dévoués.
Le major, auquel je demande s’il se rétablira bientôt, hoche douloureusement la tête sans répondre.
Pour le moment, 240 chameaux manquent, ainsi que quatre hommes. On espère que ces derniers ont pu échapper à leurs assaillants en se réfugiant dans la forêt.
Hubert-Jacques

Nous avons reçu des nouvelles intéressantes de la marche en avant de la colonne Brulard. Elle était partie jeudi à l’aube d’El-Qounitra, se dirigeant vers le nord-est. Elle est arrivée à huit-heures du matin à hauteur de Sidy-Ayech, à quinze kilomètres de son point de départ. Elle a trouvé tous les douars déserts. Des cavaliers ennemis furent signalés par les patrouilles, et peu après la colonne prit contact avec un groupe d’environ six cent cavaliers et fantassins Beni-Ahsen. L’artillerie eut vite fait de les disperser.

Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 3
Les rôdeurs marocains harcèlent les positions de la colonne
El-Qounitra, 6 mai, 6 heures du soir. – De l’envoyé spécial du « Matin » (par rekkas spécial à Rabat). – Le stationnement malheureusement un peu prolongé de la colonne Brulard à El-Qounitra commence à produire des conséquences fâcheuses.
Les tribus qui, au début, avaient été fortement impressionnées par la marche rapide de la colonne, déjà campée sur les bords du Sebou alors qu’ils là croyaient encore à Bou-Znika, n’ont pas tardé à attribuer notre inaction à des causes tout autres que celles qui l’avaient déterminée.
Leur sourde hostilité, faite surtout jusqu’alors de crainte, a fait palace maintenant à des démonstrations nettement agressives. Les indigènes ont eu le temps de se concentrer, de prendre toutes leurs dispositions et de s’enhardir jusqu’à essayer de couper nos communications entre El-Qounitra et Rabat, dans le but d’empêcher le ravitaillement de la colonne.
Hier, comme vous le savez, douze chameaux d’un convoi civil étaient enlevés, et quelques instants plus tard, un convoi de ravitaillement de quatre-vingts chameaux était attaqué à 10 kilomètres d’El-Qounitra.
Ce matin, un courrier emportant la poste, sous l’escorte de quelques chasseurs auxquels on avait adjoint un demi-escadron de spahi, se heurta, toujours au même endroit, à un parti de plusieurs centaines de cavaliers marocain et dut faire demi-tour pour regagner le camp au galop, poursuivi par les Marocains qui, gagnant sur eux, arrivèrent à huit cents mètres de l’escorte ; mais comme cette dernière approchait du camp, les Marocains abandonnèrent la poursuite.
Par suite de cet incident, nous n’avons pas de communications aujourd’hui avec Rabat.
Encore un convoi attaqué
Vers une heure, on apprenait qu’un autre convoi composé d’une vingtaine d’ « arabas », allant de Mahediya à Rabat, avait encore été attaqué à douze kilomètres de Mahediya, et que nous avions deux blessés.
L’audace des Marocains devenant de plus en plus grande, toutes précautions sont prises pour repousser une attaque éventuelle du camp.
Un autre soldat du train, qui avait été blessé grièvement à la poitrine et à l’abdomen, vient de succomber.
Trois hommes tués.


Medhya. - L'Ambulance

El-Qounitra, sept heures soir. – De nouveaux détails viennent de parvenir sur l’attaque du convoi de Mahediya à Rabat. Ce convoi était composé de vingt « arabas » attelés de trois mulets chacune et escortées de vingt et un soldats ou sous-officiers. A cette heure, quinze seulement, dont deux blessés, sont rentrés à Mahediya.
Les indigènes disent qu’un maréchal des logis du train, le commandant du convoi et un homme ont été tués.
Les « arabas » ont été abandonnées avec les mulets sur les lieux de l’attaque.
En plus du maréchal des logis français, deux soldats du train indigènes avaient été tués.
Les Marocains prirent la fuite dans la forêt, emmenant les soixante mulets de trait des vingt « arabas » chargées d’armes et de munitions.
En plus de trois tués et de deux blessés, on constata la disparition de trois soldats, dont deux indigènes et un français.