4 - « Les victimes que nous avons à déplorer depuis le début de la marche sur Fez sont toutes tombées entre Salé et Kenitra. »

dimanche 3 avril 2011

Mais, en dépit de tout, la réalité sur le terrain était en faveur des résistants qui clonèrent cette armée sur place, l’empêchant d’investir la région de Kenitra et le Gharb. Ils lui affligèrent plusieurs défaites dont la presse française en fit son cheval de bataille contre le gouvernement et son ministre de la guerre.

 « Tous les renseignements qui nous parviennent concordent à démontrer que la région qui doit être traversée par la colonne pour atteindre Fez est entièrement hostile. La colonne ne pourra donc pas compter sur un accueil bienveillant des tribus, et elle sera obligée de marcher avec une extrême prudence. »
Le Matin 1911-05-12  Numéro 9936  P 1

 « Les victimes que nous avons à déplorer depuis le début de la marche sur Fez sont toutes tombées entre Salé et Kenitra. La réputation de cette piste est devenue si détestable qu’aucun voyageur, aucun négociant n’ose s’y aventurer même avec une escorte bien armée »

« Ajoutons que, dans les milieux militaires, on estime que l’incendie de la partie de la forêt de Mamora à laquelle il est fait allusion plus haut est indispensable, afin de dégager la piste et d’empêcher les bandes de Berbères de trouver un abri trop commode. »
Le Petit Journal 1911-05-27  Numéro 17683 P 1


Attaque des Zemmour 5 Mai 1911

Les habitants prirent le soin de ne laisser à la portée de l’ennemi rien pût ravitailler ses soldats.

Déclaration du général Moinier à l’envoyé spécial du « Matin »
« On a annoncé la marche rapide d’une colonne volante sur Fez.
On a pu penser à un raid. On ne peut pas faire un raid dans un pays hostile, qui fait le vide devant vous et où on ne peut pas se ravitailler sur place. »
Le Matin 1911-05-14  Numéro 9938  P 1   EL QOUNITRA

« La reconnaissance avait également pour objet de trouver de l’orge à acheter dans la région. On parlementa avec le caïd Si Larbi ben Ahmed qui promit de mettre à la disposition des troupes françaises d’assez fortes quantités d’orge.
Le fait avait une grosse importance, car on évitait ainsi un long transport d’approvisionnements pour la cavalerie de Rabat et même de Casablanca.
Toutefois, lorsque dans l’après-midi le détachement se présenta pour prendre livraison de l’orge promise, on trouva le village complètement abandonné, tous ses habitants avaient fui dans la forêt de Mamora.
Voilà un fait qui caractérise bien la sourde hostilité – signalée dans mon radiotélégramme hier – que nous rencontrons partout sur notre passage depuis que nous avons franchi la limite de la Chaouïa. »
Le Matin 1911-05-08  Numéro 9932  P1

 « Deux reconnaissances de goumiers ont remonté la rive gauche du Sebou jusqu’à Sidi-Ayech, à une quinzaine de kilomètres. Elles ont rencontré un petit douar de Beni-Hassen ; ce douar était vide.
Les populations effrayées [‼] ont abandonné la région ; toutefois, on ignore leurs intentions exactes à l’égard de la colonne Brulard. »
Le Petit Journal 1911-05-05  Numéro 17661 P 1

« L'Effervescence des Tribus

Pourtant, de nombreux renforts ont rejoint, depuis vingt-quatre heures, le camp de Knitra. Ils portent la colonne du colonel Brulard à quatre mille hommes. Il semble que rien ne devrait s'opposer désormais à son départ. Si ce n'est l'ennemi, qui grossit chaque jour et qui paraît déterminé à s'opposer énergiquement à nos opérations.
On se flattait que les tribus des Zemmour et des Beni-Hassen conserveraient vis-à-vis de nous une neutralité bienveillante. Or, tout au contraire, ils n'ont eu rien de plus pressé que de nous attaquer et de nous tuer quelques hommes avant même que nous n'ayons quitté Knitra.
On annonce, d'autre part, que des bandes de cavaliers ennemis s'enhardissent jusqu'à venir rôder aux alentours du camp français et que l'on signale au colonel Brulard des rassemblements ennemis fort importants sur divers points entre Rabat et Fez.
Il ne faut donc pas se faire d'illusions l'opération que nous allons entreprendre sera difficile et dangereuse elle sera aussi, sans doute, fort longue.. »
Le Gaulois 1911-05-11 Numéro 12262

L’envahisseur mit en œuvre un stratagème machiavélique. Il arma la population gharbaoui contre les Beni Hssen, attisant des rivalités qui remontaient à 1902.

 « Toutes les populations du Gharb sont prêtes à marcher contre les Beni-Ahsen, pour tirer vengeance des pillages de 1902, si le gouvernement français leur donne l’assurance de son concours et leur fournit des munitions. »
Le Matin 1911-05-04  Numéro 9928  P3

Journaux de 1911



Le Petit Journal 1911-05-08  Numéro 17664 P4

Nouvelle attaque contre un convoi
(Dépêche de l’Agence Fournier)
Tanger, 7 Mai.
Un autre convoi isolé a été attaqué, hier, entre Salé et Mehedya. On signale plusieurs blessés et trois soldats du train disparus.
La tribu des Ahmar serait coupable de ces agressions répétées.
L’autorité militaire vient de donner l’ordre exprès de ne plus laisser partir aucun convoi isolé.
La nouvelle de cet acte d’hostilité a produit, aussitôt connue, une vive impression parmi les Européens.




Le Temps  1911-05-08 -Numéro 18208.
Le Temps, n° 18.208, Lundi 8 mai 1911, p. 2, en rubrique « Les affaires du Maroc » :
Les affaires du Maroc
L'attaque des Zemmour
    Autour de la colonne Brulard
                                           
 (Dépêche de notre correspondant particulier)


Funérailles d'un mort au champ de bataille. 
Tanger, 7 mai.
Un radiotélégramme de Rabat annonce que les Beni-Hassen et les Zemmour ont commencé les hostilités contre la colonne Brulard [Du nom du colonel qui la commandait]. Ils ont coupé la conduite d’eau de Salé et ont essayé d’empêcher le ravitaillement de nos troupes.
   Le 5 mai, un djich de Zemmour a attaqué un convoi de ravitaillement et enlevé quelques chameaux. Dans l’engagement, un brigadier français a été tué, le lieutenant Vallade et deux soldats blessés. [L'un est vraisemblablement décédé des suites de ses blessures]
   Une reconnaissance envoyée a ramené les chameaux et mis en fuite les agresseurs.
   [Le lieutenant Vallade appartient au 16e escadron du train des équipages (compagnie de Tunis)]. »    





L’Ouest Éclair – éd. de Rennes –, n° 4489, Lundi 8 mai 1911, p. 1 :

LA SITUATION AU MAROC
LES ZEMMOURS ATTAQUENT UN CONVOI


L´attaque de Dar El Aroussi - Le général MOINIER observe les positions des résistants

« RABAT, 6 mai. ― Il semble que les tribus des Beni-Hassen et des Zemmours manifestent l’intention de s’opposer à la marche de la colonne de secours. Un groupe d’une centaine de Zemmours a attendu hier, à six heures du soir, le passage d’un convoi de chameaux sur la piste de Méhédya. Une attaque soudaine a permis aux Zemmours de s’emparer de quelques chameaux, tandis que l’escorte ouvrait le feu. Un court engagement a eu lieu et un brigadier français a été tué. Le lieutenant Vallade, du train des équipages, a été blessé, ainsi que deux autres.
   Une reconnaissance partie d’El Kenitra a rejoint le djich qui s’est enfui, abandonnant la plupart des chameaux.
   D’autres patrouilles ont été envoyées et fouillent la région. Les troupes campées près de Salé explorent les environs où rodent des bandes de Zemmours. Ces bandes ont coupé les conduites amenant l’eau à la ville. Les convois sont fortement escortés.. »




Le Matin  :1911-05-08  Numéro 9932  P1
Difficultés à El-Qounitra
Casbah d’El-Qounitra, 2 mai, 5 heures soir. – De l’envoyé spécial du « Matin » (par rekkas spécial à Rabat). – La colonne Brulard est toujours campée à El-Qounitra, où elle attend l’arrivée de l’échelon arrière, retardé par la grosse question du ravitaillement.
Accompagné de toute la cavalerie, le goum Brulard est allé faire, ce matin, une reconnaissance jusqu’à Sidi-Ayech, à une quinzaine de Kilomètres du camp, sur la route que la colonne doit suivre pendant sa prochaine marche.
La reconnaissance avait également pour objet de trouver de l’orge à acheter dans la région. On parlementa avec le caïd Si Larbi ben Ahmed qui promit de mettre à la disposition des troupes françaises d’assez fortes quantités d’orge.
Le fait avait une grosse importance, car on évitait ainsi un long transport d’approvisionnements pour la cavalerie de Rabat et même de Casablanca.
Toutefois, lorsque dans l’après-midi le détachement se présenta pour prendre livraison de l’orge promise, on trouva le village complètement abandonné, tous ses habitants avaient fui dans la forêt de Mamora.
Voilà un fait qui caractérise bien la sourde hostilité – signalée dans mon radiotélégramme hier – que nous rencontrons partout sur notre passage depuis que nous avons franchi la limite de la Chaouïa.
Cette hostilité s’est encore manifestée par une attaque, dont un goumier a été l’objet à Salé ; il eut un cheval tué.
De nombreuses personnes, voyageant en groupe entre Salé et El-Qounitra, ont été arrêtées et rançonnées par les tribus traversées, lesquelles avaient fait le vide devant la colonne.
Les renseignements qui nous parviennent sur l’état d’esprit des tribus semblent maintenant confirmer qu’une concentration très importante se forme dans la forêt de Mamora.
Cette concentration serait composée de contingents de nombreuses tribus et aurait pour but de nous attaquer sérieusement durant la prochaine marche.
Hubert-Jacques




LE FIGARO   1911/05/08 (Numéro 128). P 1

Au Maroc
La colonne Brulard

      Une dépêche de Rabat, expédiée samedi, signale un premier acte d'hostilité de la part des tribus sur le territoire desquels opère le colonel Brulard.
     Vendredi, un groupe d'une centaine de Zemmours, qui attendait à la fin du jour le passage d'un convoi de chameaux sur la piste de Meheyda, l'a attaqué et s'est emparé de quelques bêtes; avant que l'escorte ait eu le temps d'ouvrir le feu. Un engagement a suivi dans lequel un brigadier a été tué et-deux hommes blessés.
     Les troupes campées près de Salé explorent les environs où rôdent des bandes de Zemmours. Ces bandes ont coupé les conduites amenant l’eau à la ville.
 Les convois seront fortement escortés.
     On a d'autre part reçu à Tanger les trois radiogrammes suivants qui datent malheureusement de plusieurs jours.
     L'officier de marine Carsalade continue ses travaux en vue du débarquement des approvisionnements et du matériel à Konitra par Mehedya et le Sebou, dont la profondeur est suffisante pour les remorqueurs et les barcasses.

El-Kounitra, 2 mai.

     Un goum de cavaliers et de fantassins est parti reconnaître le terrain jusqu'à. Sidï-Aïach, distant de 15 kilomètres environ du camp, sur la route de Fez.
     Les renseignements parvenus ici disent que le terrain de cette région est mauvais pour le passage de l'artillerie.
Mehedya, 3 mai,

     Le croiseur Friant, ancré au large de l'embouchure du Sebbou, a envoyé dans l'après-midi une embarcation pour explorer les fonds; dans le voisinage de la barre.

     Le croiseur Du Chayla est attendu incessamment à Mehedya. Il remorquerait des barcasses de Rabat, pour traverser la barre, celles de Mehedya étant insuffisantes.
Un détachement d'infanterie de marine; venu du camp d'El-Kounitra, est arrivé à Mehedya; il bivouaque hors des murs, près de la mer.


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